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Message par Thanatos Dim 4 Juin - 16:34

"Ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre, que l'État est institué; au contraire, c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. Non, je le répète, la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté."

1) Quelle est l'idée principale du texte ?

2) Peut-on concilier le pouvoir de l'État et la liberté individuelle ?
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Message par Thanatos Dim 4 Juin - 16:35

1) Quelle est l'idée principale du texte ?

Dans ce texte, Spinoza défend essentiellement l'idée que la fonction de l'État, c'est à dire son utilité principale, est d'assurer la sécurité et surtout la liberté des citoyens. Cette liberté n'est possible que si l'État encourage le développement de la raison au détriment des passions de façon à ce que règne la concorde. C'est dire qu'un État qui repose tout entier sur la répression, qui terrorise les sujets en les maintenant dans l'esclavage, n'est plus, à strictement parler un État. Il ne remplit plus son rôle.

2) Peut-on concilier le pouvoir de l'État et la liberté individuelle ?

"Pouvoir" et "liberté" semblent deux mots contradictoires parce qu'on a coutume de définir la liberté comme absence de contrainte. L'enjeu de la question qui nous est posée est donc de se demander si notre définition de la liberté ne procède pas d'un préjugé. Peut-on, dans un État constitué, être libre ? Nous verrons que l'incompatibilité entre État et liberté n'est qu'apparente avant de voir comment on peut concilier les deux.

Ce qui caractérise d'abord l'État est le fait qu'il exerce un pouvoir c'est à dire qu'il produit des contraintes qu'on appelle les lois. Si nous enfreignons les lois nous sommes passibles de sanctions, ce qui semble s'opposer à notre liberté. Il est clair que l'État empêche l'homme d'être indépendant et c'est pourquoi certains penseurs, les anarchistes, se sont élevés contre l'État. "Ni Dieu, ni maître", proclame l'anarchiste Proudhon. C'est au nom de la liberté de l'individu qu'il s'oppose à l'existence du pouvoir politique. Étymologiquement, "anarchie" veut dire "sans pouvoir". Pourtant serions-nous libres en l'absence de pouvoir politique, en l'absence d'État ?
Il est d'abord peu probable qu'en l'absence de toute organisation sociale c'est à dire sans les lois civiles, nous serions libres. Hobbes nous décrit l'état de nature comme un état de conflits perpétuels menant à la guerre de tous contre tous c'est à dire au règne du plus fort. Quant aux sociétés sans État, l'exemple des sociétés primitives montre que les formes de pouvoir social y sont plus contraignantes encore que là où existe l'État : le chef a le monopole de la parole légitime et nul ne peut s'y opposer sans commettre un sacrilège unanimement condamné. Si en l'absence d'État l'homme n'est pas libre, n'est-ce pas alors le pouvoir politique qui garantit la liberté ?

L'État semble bien nécessaire à la liberté. Il nous libère de la violence de la nature extérieure en organisant le travail et de la violence des autres par la loi car "entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère" (Lacordaire). Si l'existence de la loi m'interdit d'agir à ma guise, elle interdit la même chose aux autres. Je ne peux tuer ou voler les autres mais, en même temps, les autres non plus n'ont pas ce droit et c'est ma liberté de vivre et de posséder des biens qui est garantie. C'est donc que la loi ne s'oppose pas nécessairement à la liberté. Spinoza a donc raison de dire que la fin de l'État est la liberté.
Il faut cependant remarquer que si l'État doit assurer la liberté individuelle, il ne le fait pas toujours. Il existe bien sûr des dictatures, des despotismes. Seule la démocratie peut respecter la liberté comme le montrera très bien Rousseau. En effet, l'État démocratique incarne l'intérêt général. Il ne domine pas les individus car son pouvoir est celui des citoyens. L'État institue le droit qui nous défend contre la crainte. Un État qui bafoue la liberté de penser et de s'exprimer est toujours voué à la mort à plus ou moins long terme car il se heurtera tôt ou tard à une révolte des citoyens. La démocratie n'est pas un régime politique parmi d'autres mais la vraie nature de la société comme la raison est la vraie nature de l'individu. La démocratie concilie liberté et État. Cette conciliation est donc possible.

La réponse à la question qui nous est posée est donc affirmative. Spinoza définit l'État comme source et gardien des libertés individuelles avant Rousseau et Montesquieu, auteurs qui inspireront les idéaux de la révolution française. C'est justement sur la conciliation de l'État et de la liberté que repose notre organisation politique.
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